« NOS VEAUX SONT NOURRIS AU DAL ET AU DAC »

ASSURER UNE ALIMENTATION EFFICACE ET AMÉLIORER LES CONDITIONS DE TRAVAIL, tels étaient les deux principaux objectifs de Fabien Gohier, l'associé du Gaec de la Marche, en charge de l'alimentation des veaux. Au moment de remplacer la salle de traite 2 x 6 par un roto en 2010, une nurserie a été construite. « Avant, les veaux étaient répartis sur deux sites dans de vieux bâtiments, explique Fabien. Nous distribuions le lait et le concentré manuellement. Cela nous faisait perdre du temps. »

Alors qu'il se dirigeait vers une nurserie de huit cases individuelles et de deux aires paillées équipées de Dal, le concessionnaire lui a proposé d'installer en plus un Dac. « Le principe, vu chez un autre éleveur, nous a plu. Le surcoût n'était pas énorme - 4 450 €, frais de montage et de mise en service inclus -, surtout qu'avec l'achat d'un roto et de deux Dal, il est plus facile de négocier les tarifs ! Étant déjà dans les travaux, autant tout faire d'un coup ! C'est plus facile pour passer les gaines. » L'aire paillée a été divisée en deux pour séparer les veaux les plus jeunes des plus vieux. Au total, 35 veaux peuvent être logés (hors niches individuelles). La station Dac a été installée entre les deux stations Dal. Ainsi, les veaux de chaque aire paillée ont accès à un Dal. Grâce à une barrière basculante, le Dac est accessible pour les deux lots.

Des cornadis porte-seaux ont été installés, mais ne servent pas. « Comme les veaux n'ont pas l'habitude d'aller y manger, nous ne pouvons pas les y bloquer, décrypte Fabien. Quant à l'écornage, nous le faisons dans une cage. »

Avec des vêlages étalés toute l'année, la compétition à l'auge pouvait poser problème auparavant, d'autant que mâles et femelles sont élevés sur l'exploitation. « Tous les veaux n'avaient pas forcément leur dose, se souvient Fabien. Maintenant, nous ne nous posons pas de question sur les quantités à donner et nous sommes sûrs que chacun à sa dose. La centrale Dal-Dac nous alerte dès qu'un veau a moins bu ou mangé. »

« LES SEVRAGES SE PASSENT MIEUX »

À partir de 10 jours d'âge, le programme d'alimentation est étalé sur soixante-dix jours avec une différenciation de concentration de la poudre de lait entre les mâles et les femelles. Les quantités de lait et de concentré s'ajustent à l'âge avec un plafond à 8 litres de lait et 2,5 kg de concentré. De la paille est à disposition pour apporter de la fibre et compléter l'ingestion des plus gourmands. En complément, un aliment « démarrage » est distribué à l'auge jusqu'à un mois d'âge. « Avant, nous en donnions pendant deux mois pour les habituer à manger solide. Or, ce floconné est cher. Comme les veaux mangent plus facilement du concentré avec le Dac, nous économisons de l'aliment "démarrage". De plus, le sevrage se passe mieux. Parfois, certains se sèvrent tout seuls. »

La multiplication du nombre de repas est bénéfique pour la santé des veaux, les associés en ont acquis la conviction depuis cinq ans que la nurserie est construite.

« LE TEMPS PASSÉ AUX VEAUX DIVISÉ PAR DEUX »

« Pour la digestion, l'idéal est d'avoir des repas fractionnés sur la journée. Nous observons moins de diarrhées depuis que le Dal et le Dac sont installés et surtout, quand il y en a, elles sont moins graves. De plus, l'aliment est toujours frais et pas souillé. » Les éleveurs ont constaté des croissances meilleures et plus régulières ainsi qu'un poil plus beau depuis qu'une alimentation individualisée des veaux a été mise en place. « Nous avons moins d'animaux à la traîne en matière d'état. Les transitions se passent mieux et les pertes ont été réduites. »

Cela se répercute également sur les génisses. L'âge au vêlage a d'ailleurs été avancé d'un mois. « Cette année, la moyenne se situera autour de 24 mois au lieu de 25. Mais nous avons aussi changé l'alimentation des génisses, il est donc difficile de déterminer l'effet précis du Dal-Dac sur ces progrès. » La plus grande partie du nettoyage du Dal-Dac se fait automatiquement, sauf le bol, les tétines et les arrivées de poudre et de lait, à laver matin et soir. « Ça se fait bien. Ce n'est pas plus compliqué que de nettoyer des seaux. » Pour la préparation, un passage là encore matin et soir est nécessaire pour vérifier les stocks. « La machine fait le reste toute seule ! En période de pointe, la personne qui trait peut gérer seule les veaux. C'est un vrai confort ! » Il reste les plus jeunes à habituer les premiers jours. « C'est plus facile de les faire boire au Dal qu'au seau. Il faut les habituer pendant deux à trois jours mais comme nous les transférons sur l'aire paillée à 10 jours, ils ont déjà de la volonté pour aller boire. » La présence du Dac permet de garder certains veaux quelques jours supplémentaires après sevrage afin de constituer un lot à transférer sur le deuxième site. Pendant ses congés, Fabien s'arrange pour qu'il n'y ait pas de paramètres et d'affectations à enregistrer par les autres associés. « Tout le monde sait vérifier que les veaux ont bien mangé, mais les paramètres sont moins faciles à se rappeler quand on ne les manipule pas tous les jours. Si j'étais absent à l'entrée d'un veau en aire paillée, il suffirait que je note la démarche à suivre pour qu'un associé puisse me remplacer. »

Le temps passé quotidiennement aux veaux a été divisé par deux pour atteindre actuellement quarante minutes (jeunes veaux de trois à dix jours compris). Au final, l'investissement a été vite rentabilisé aux yeux des éleveurs, ne serait-ce que pour le confort de travail et la tranquillité d'esprit.

ÉMILIE AUVRAY